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Les droits de douane de Trump plombent le marché pétrolier

Les cours du pétrole ont connu une chute spectaculaire cette semaine, atteignant leur plus bas niveau depuis 2021. Cette baisse, directement liée à l’escalade des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, ravive les craintes d’une récession mondiale. Alors que Washington et Pékin durcissent leurs positions, les marchés énergétiques tremblent, avec des conséquences potentielles sur l’économie globale et les prix à la pompe.
Une chute historique des cours du pétrole
Vendredi dernier, les cours du Brent de la mer du Nord se sont effondrés de près de 7 %, tombant à 65,29 dollars le baril, leur niveau le plus bas depuis avril 2021. Le West Texas Intermediate (WTI), référence américaine, a quant à lui plongé de 7,8 % à 61,73 dollars.
Cette débâcle s’explique par deux facteurs majeurs :
- La guerre commerciale sino-américaine : la Chine a annoncé des droits de douane supplémentaires de 34 % sur certains produits américains dès le 10 avril, en réponse aux mesures protectionnistes de Washington.
- Les craintes de récession : les investisseurs anticipent un ralentissement économique mondial, voire une crise, suite à cette escalade tarifaire.
« Les tarifs douaniers radicaux de Trump ont fait comprendre aux marchés que l’économie mondiale se dirigeait vers un ralentissement significatif, voire une récession », analyse Arne Lohmann Rasmussen, expert chez Global Risk Management.
L’effet domino sur les marchés énergétiques
Si les produits pétroliers sont exemptés des nouvelles taxes américaines, leur prix reste extrêmement sensible aux tensions économiques. En cas de récession :
- La demande en pétrole chuterait, en raison d’une activité industrielle ralentie.
- Les prix du brut pourraient continuer à baisser, aggravant les difficultés des pays exportateurs.
Cette situation rappelle la crise de 2020, où les confinements avaient provoqué un effondrement de la demande et une chute historique des cours.
L’Opep+ dans la tourmente
Dans ce contexte déjà tendu, l’annonce surprise de l’Opep+ d’augmenter sa production de 411 000 barils par jour en mai 2025 a encore alimenté la baisse. Une décision qui reflète les divisions internes du cartel :
« Ceux qui respectent les quotas se sentent frustrés par ceux qui ne les respectent pas », explique Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.
Cette mesure contraste avec la stratégie habituelle de l’Opep+, qui cherche habituellement à stabiliser les prix en ajustant l’offre. Elle intervient aussi dans un contexte où Donald Trump, s’il est réélu, pourrait faire pression pour une production accrue, afin de faire baisser les prix de l’énergie.
Le gaz européen également touché
Les conséquences de cette guerre commerciale ne se limitent pas au pétrole. Le gaz naturel a aussi subi une baisse marquée, avec le contrat TTF néerlandais perdant 7 % pour atteindre 36,40 euros le MWh, son niveau le plus bas depuis septembre dernier.
Quelles implications pour les consommateurs ?
À court terme, une baisse des cours du pétrole pourrait se traduire par :
- Des carburants moins chers à la pompe, offrant un répit aux ménages.
- Une inflation modérée, après des années de hausse des prix.
Mais cette situation serait trompeuse : elle refléterait avant tout une économie affaiblie, avec un risque de chômage accru et une croissance atone.
Vers une décennie de turbulences économiques ?
La politique commerciale agressive du locataire de la maison blanche, couplée aux représailles chinoises, menace de plonger le monde dans une nouvelle ère d’instabilité. Si les prix du pétrole et des carburants baissent aujourd’hui, ce serait au prix d’une crise économique globale.
Les prochains mois seront donc décisifs pour savoir si les grandes puissances parviendront à éviter le pire, ou si elles entraîneront le marché dans une spirale infernale.
« Une guerre commerciale n’a jamais été gagnante à long terme. Tout le monde y perd », rappelle ainsi un économiste de la Banque mondiale.