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Téléphonie en Algérie : entre modernisation, contraintes et nouvelles tendances

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En Algérie, la téléphonie évolue à son propre rythme, influencée à la fois par les avancées mondiales, les réalités économiques locales et les politiques publiques en matière de digitalisation. Longtemps marqué par une certaine inertie technologique, le secteur connaît aujourd’hui un regain d’intérêt, notamment avec l’essor de la 4G, la progression du reconditionné, l’émergence de l’e-commerce mobile, et les ambitions liées à la transition vers la 5G.

La 4G enfin généralisée

Déployée officiellement à partir de 2016, la 4G s’est progressivement étendue sur l’ensemble du territoire algérien. Les trois opérateurs – Djezzy, Mobilis et Ooredoo – couvrent désormais la quasi-totalité des wilayas, avec des performances inégales selon les régions.

Dans les grandes villes comme Alger, Oran, Constantine ou Annaba, les débits sont comparables à ceux observés en Europe. Mais en zones rurales ou montagneuses, les coupures fréquentes et le débit insuffisant restent des problèmes récurrents.

Malgré ces limites, la 4G a radicalement changé les usages : explosion de la consommation vidéo (TikTok, YouTube), développement de la messagerie instantanée (WhatsApp, Messenger), et montée du m-commerce (achats via applications mobiles).

L’essor du reconditionné : une tendance portée par les prix

Le reconditionné fait une percée remarquée. Face à la flambée des prix des smartphones neufs – souvent plus chers qu’en Europe à cause des droits de douane et taxes d’importation –, de plus en plus de consommateurs algériens optent pour des appareils reconditionnés.

Des plateformes locales émergent et certaines boutiques proposent désormais des iPhones, Samsung Galaxy ou Xiaomi remis à neuf, avec garantie limitée. L’absence de réglementation claire freine encore le développement massif du secteur, mais le potentiel est immense, notamment chez les jeunes et les étudiants.

Dans un contexte de rareté des devises et d’inflation, le reconditionné s’impose comme un compromis entre qualité et prix. Cette dynamique est régulièrement mise en avant dans la presse numérique locale.

Smartphones : entre grande marque et marques émergentes

Les marques leaders en Algérie restent les mêmes qu’à l’international : Samsung, Apple, Huawei (malgré ses restrictions), suivis par Xiaomi, Oppo et Realme. Ces marques répondent à une demande diversifiée, entre :

  • Haut de gamme pour une clientèle aisée (surtout à Alger),
  • Milieu de gamme pour les cadres et technophiles,
  • Entrée de gamme pour les jeunes et zones rurales.

Mais on observe également une montée des marques alternatives :

  • Infinix, Tecno ou Itel (filiales de Transsion Holdings),
  • Des marques turques ou asiatiques qui misent sur un bon rapport qualité/prix.

Les consommateurs algériens sont de plus en plus informés et attentifs à :

  • la qualité photo,
  • la batterie,
  • la durabilité,
  • et surtout à la compatibilité réseau (Bandes 3G/4G supportées localement).

Le paiement mobile et les applis locales : un futur en gestation

Avec l’arrivée du service BaridiMob et de quelques initiatives privées (Wimpay, Edahabia), le paiement mobile tente de faire sa place. Mais le taux d’équipement reste faible, notamment à cause de :

  • l’absence d’un écosystème numérique stable,
  • la méfiance vis-à-vis des paiements électroniques,
  • le faible taux de bancarisation.

Cependant, l’usage du smartphone dans la vie quotidienne progresse. Des applications locales innovantes commencent à voir le jour dans les domaines suivants :

  • Livraison,
  • E-learning,
  • Transport urbain,
  • Santé connectée.

On assiste donc à une structuration du marché des services numériques via mobile, encore fragile, mais prometteur.

Vers la 5G

La 5G est au cœur des débats mais reste encore au stade de projet pilote. Les opérateurs Ooredoo et Djezzy ont déjà réalisé des tests réussis, et le gouvernement a finalisé le cahier des charges pour l’attribution des licences. Les préparatifs pour le déploiement de la 5G en Algérie sont en cours et son lancement est prévu durant le 2e semestre de 2025.

Des défis persistants : connectivité, prix, dépendance

Malgré ces évolutions positives, plusieurs freins structurels demeurent :

  • Un coût des téléphones et forfaits encore élevé pour une large partie de la population.
  • Une dépendance à l’importation, sans politique industrielle locale en téléphonie.
  • Une fracture numérique persistante entre régions.
  • L’absence d’un cadre réglementaire précis sur la cybersécurité mobile.

Pour que la téléphonie devienne un levier de développement, il faudra donc investir à la fois dans l’infrastructure, la formation numérique, et le soutien aux startups locales du secteur.

La téléphonie en Algérie est à la croisée des chemins. Tiraillée entre une jeunesse avide de connectivité, un marché technologique en ébullition et un encadrement encore perfectible, elle avance progressivement vers plus d’accessibilité, de modernité et de diversité.

L’engouement pour le reconditionné, les premiers pas du paiement mobile et les ambitions autour de la 5G témoignent d’un potentiel réel, encore à structurer. Les prochaines années seront décisives pour faire de la téléphonie un pilier de la transformation numérique nationale.

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