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La révolte de bellahrèche : pièce théâtrale qui ravive la mémoire

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Le Théâtre Régional de Skikda a présenté en 2011 la pièce théâtrale « La Révolte de Bellahrèche », une œuvre captivante qui plonge le public dans un épisode marquant de l’histoire algérienne. Mise en scène par la réalisatrice Sonia, cette pièce s’articule autour de la révolte menée par Bellahrèche en 1808 dans la région du Nord du Constantinois. Cette révolution populaire, connue sous le nom d’Elboudali, fut une réponse au mépris, à la hogra (injustice) et à la dilapidation des biens des cités rurales sous le règne des Bey Turk. Aujourd’hui encore, cet événement historique reste gravé dans les mémoires et fait partie intégrante du patrimoine algérien.

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Un hommage aux héros méconnus

Sonia, la réalisatrice, a tenu à souligner l’importance de mettre en lumière cette révolution à travers un cadre dramatique et artistique. « Cette révolution est une partie historique de notre patrimoine. C’est pourquoi nous avons souhaité présenter cette pièce pour faire connaître les hommes qui ont contribué à l’écriture de nos glorieuses pages d’histoire, notamment ceux qui sont restés dans l’ombre », a-t-elle expliqué. La pièce vise ainsi à honorer ces figures héroïques, souvent méconnues du grand public, mais dont les actions ont façonné l’histoire de la région.

Une production artistique de haut vol

La pièce bénéficie d’une équipe artistique et technique de talent, dirigée par le producteur Salim Souhali. La scénographie, confiée à Hebbal Boukhari, transporte le public dans l’atmosphère du Constantinois du XIXe siècle, tandis que la chorégraphie de Habes Slimane et la musique composée par Kechoud Mohamed Réda ajoutent une dimension émotionnelle et rythmique à l’œuvre. L’adjoint réalisateur, Zenir Said, et le régisseur Boujadi Rédouane ont également joué un rôle clé dans la coordination de cette production ambitieuse.

Les comédiens, parmi lesquels figurent des noms tels que Djilani Toufik, Nadia Larini, Amior Saber, et Ali Namous (dans le rôle de Hassan), ont livré des performances puissantes, incarnant avec conviction les personnages historiques et les anonymes qui ont pris part à cette révolte. Leur jeu, soutenu par une mise en scène minutieuse, a permis de restituer toute l’intensité et la complexité de cette période troublée.

La metteuse en scène a opté pour une forme spectaculaire pour donner vie à la scène, où la pièce passait d’une étape à l’autre à travers des tableaux visuels, entrecoupés par les apparitions du bouffon du village, « Saïd le Fou », qui lançait de temps en temps des prédictions, comme lorsqu’il répétait : « Un gouverneur viendra, de sa main il détruira les palais, les chiens aboieront et tourneront en rond, sans aide ni sauveur. »

Le rôle d’Ali Namous dans la pièce

Ali Namous incarne le personnage d’Ahsen, le fils du défunt El Hadj Issa, tué par l’Agha représentant le Bey Othman. Son rôle est central dans l’intrigue, car il symbolise la jeunesse révoltée et déterminée à venger l’injustice subie par sa famille et sa tribu. À travers son interprétation, Ali Namous réussit à transmettre une palette d’émotions, allant de la douleur et de la colère à la résolution et à l’espoir. Son personnage devient un pont entre les générations, reliant le passé tragique de son père à l’avenir prometteur que représente Bellahrèche.

Ahsen rejoint Bellahrèche dans sa lutte contre le Bey, apportant avec lui la détermination des jeunes qui refusent de se soumettre à l’oppression. Ali Namous, par son jeu subtil et intense, donne vie à ce personnage complexe, qui incarne à la fois la vulnérabilité et la force. Sa performance contribue grandement à l’impact émotionnel de la pièce, notamment dans les scènes où il doit faire face à la tragédie personnelle de sa bien-aimée, victime des violences des soldats ottomans.

Synopsis

La pièce présente, à travers cinq tableaux artistiques, la vie quotidienne des tribus de la région et leur oppression sous le règne ottoman, marqué par l’imposition de taxes, le pillage des biens et des ressources des tribus montagnardes. L’intrigue dramatique se déroule dans un décor simple, composé d’un fauteuil représentant le gouverneur et d’acteurs vêtus de costumes turcs. Pendant environ une heure et cinq minutes, le rideau se lève sur les pratiques du gouverneur turc. La pièce met en lumière les pressions exercées par les Beys sur les tribus, notamment le Bey de Constantine, qui imposait des sanctions à quiconque ne payait pas les amendes.

Cette nouvelle est transmise aux tribus par l’Agha. Le cheikh Issa confirme à ce dernier que les tribus n’ont plus rien et que leurs réserves sont vides. Cependant, le gouverneur n’en tient pas compte, et le chef des soldats tue le cheikh Issa et enlève les plus belles filles du village, qui sont ensuite violées par les soldats du Bey.

Cela se produit alors qu’un certain nombre d’hommes des tribus sont partis en pèlerinage. À leur retour, informés de ce qui s’est passé, ils décident de se venger et se rendent dans la région de Oued El Zhour, où se trouve le héros Bellahrèche, qui prépare la résistance.

C’est alors que commence le compte à rebours de l’affrontement entre Bellahrèche et le Bey, précédé des prédictions du fou du village, qui criait : « La faim et la mort, avec eux les fossoyeurs. » Les partisans du jeune Ahsen, interprété par le talentueux Ali Namous, fils du défunt El Hadj Issa, tué par l’Agha, rejoignent Bellahrèche, une alliance qui déstabilise l’entourage du Bey et les Juifs de Constantine. Le révolutionnaire Bellahrèche rencontre son rival, le Bey Othman, à Oued El Zhour, où éclate la bataille entre les deux armées, et le Bey tombe sous les coups de Bellahrèche, dans une scène magnifiquement mise en scène pour illustrer la victoire du droit sur le tort.

La fin est tragique :

après la bataille, le fils du cheikh Issa retrouve sa bien-aimée, enceinte après avoir été violée par un commandant ottoman. Refusant de retourner à la tribu par crainte du déshonneur, elle préfère mourir dans les bras de son amant.

Un devoir de mémoire

« La Révolte de Bellahrèche » est bien plus qu’une simple pièce de théâtre ; c’est un acte de mémoire et de reconnaissance envers ceux qui ont lutté pour la justice et la dignité. À travers une mise en scène soignée, des performances émouvantes et une musique envoûtante, cette œuvre rappelle l’importance de se souvenir des combats passés pour mieux comprendre le présent. Une pièce à ne pas manquer, qui résonne avec les valeurs de résistance et de fierté nationale.

Pour plus d’informations sur sur cette pièce théâtrale, consultez la page du Théâtre Régional de Skikda.

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