L’image de la femme dans les médias en débat

Quelle image de la femme est reflétée par les différents médias ? Pour répondre à cette question, un groupe d’enseignants à la faculté de journalisme et des membres de la société civile se sont réunis ce samedi à Alger.

Organisée par l’association femme en communication et les membres du programme « لها ما تقول », cette rencontre-débat avait pour principal objectif de dessiner la réalité sociale de la femme telle que perçue à travers les différents médias.

La femme à travers les médias en Algérie

«Nous nous sommes engagés depuis des années dans la lutte pour le changement de l’image de la femme dans les médias. Il est impératif aujourd’hui que les contenus des médias soient plus représentatifs de la femme algérienne actuelle. Justement, cette rencontre est une partie prenante de notre programme et activité de notre association et de la web radio voix de femmes», déclare Nafissa Lahrech, présidente de l’association femme en communication.

Redouane Boudjemaa, enseignant à la faculté des sciences politiques et de l’information, a préféré aller vers du concret. Il a présenté les résultats d’une enquête menée en 2015 sur un échantillon de radios et télévisions publiques et privées.

Il s’agit des 4 radios algériennes dont radio El Bahdja et les télévisions privées Ennahar, Echourouk et KBC. L’enquête portait sur l’analyse des émissions et différents contenus présentés par des femmes ainsi que la place de cette dernière comme source d’information.  D’après ce travail, il a été démontré la faible participation de la gente féminine dans les débats épineux.

«Les sujets politiques ou portant sur des conflits sont généralement traités par des hommes comme intervenants. Ils sont également prédominants dans le volet de source d’information. Les femmes ne représentent que 18% dans la télévision», rapporte le professeur.

Cette faible présence est également affichée, selon ses propos, dans la présentation de contenus. Seules 160 informations et émissions traitent des sujets liés à la femme dans ces médias contre 5590, contenus dédiés aux hommes, rapportent les résultats de cette enquête.

Un cours dédié au traitement de l’information concernant la femme

Nedjma Zerrari, chercheuse et enseignante à l’école supérieure de journalisme, est allée plus loin.  Elle a proposé d’enseigner le traitement de l’information concernant la femme à l’université. De son côté, elle a essayé d’appliquer sa recommandation sur le terrain. Elle a introduit un module sur le genre social dans les médias.

« Lorsque j’ai commencé les premiers cours, des étudiants se sont plaints. Certains ont estimé que je faisais la promotion de pensées féministes, alors que je ne faisais qu’enseigner un concept indispensable à la formation de journaliste. Mon module a été par la suite retiré du programme« , déplore l’enseignante.

Cette rencontre a vu également le lancement officiel du programme « لها ما تقول », rapporte le Huffpost Maghreb. Il s’agit d’un nouveau concept d’émissions qui traitent des sujets en relation avec la femme. Soutenu par le programme Di-Jil, « لها ما تقول » vise à apporter un soutien aux jeunes citoyens du monde arabe.

Safaa Sellam