Médias
Médias Algériens en 2018: un menu chargé de nouveautés et de deuil
Durant ces douze derniers mois, la presse algérienne a vécu plusieurs événements dont certains ont été très douloureux. Deuil, prisons, polémique mais aussi des distinctions et des nouveautés ont marqué le paysage médiatique en Algérie en 2018. Si son début a été plus ou moins calme, sa fin était juste tonnerre. En voici un petit récapitulatif des événements les plus marquants de 2018.
Distinctions
En effet, 2018 a été l’année des distinctions pour nombre de journalistes et médias nationaux. Rédha Menassel a remporté le grand prix du jury au festival francophone de reportage court de Vichy sur le thème «Mon quartier, mon village, ma ville, mon territoire». Son travail distingué dévoilait les efforts consentis par des bénévoles afin de recycler le surplus de nourriture durant le mois de jeûne. Il était intitulé « Le ramadhan anti-gaspillage en Algérie ».
Autre distinction : « l’émission « Echourouk enquête » a été retenue parmi les 10 meilleurs finalistes du concours AIPS Sport Media Awards. Sur plus de 1200 participants, Amar Boudi s’est distingué avec son reportage « Le danger des terrains en gazon synthétique ». Les 3 lauréats finaux seront connus ce mercredi 2 janvier.
Comme chaque année, le prix médias star de l’opérateur de téléphonie mobile Ooredoo a été décerné à 13 lauréats. Pour la catégorie presse écrite généraliste et spécialisée, le 1er prix est revenu à Mustapha Bestami d’El Khabar pour son article « الجسم السليم …في التطبيق السليم« .
Dans la production télévisuelle, le 1er Prix est revenu à Omar Boudi d’Echourouk News TV et dans la catégorie production radiophoique.
C’est Abderrazak Dendani de Radio Bordj Bou Arréridj qui décroche le 1er Prix. Pour la catégorie Media électronique, c’est Walid Bourzah de l’APS qui arrive à la tête du podium.
Dans sa 4ème édition placée sous le thème « Vivre ensemble en paix », le prix du Président de la République du journaliste professionnel a également gratifié les travaux de 12 journalistes. Le Palmarès de cette nouvelle édition a comporté plusieurs noms de médias étatiques et privés.
A quelques jours de la fin de l’année, deux journalistes sont nommés sénateurs. Il s’agit de Fouad Sebbouta, journaliste à l’ENTV et du patron d’El Djazairia One, Bachir Ould Zmirli.
Les nouveaux venus de la presse
Malgré la situation de crise qui n’épargne aucun média, de nouveaux médias Algériens en 2018 arrivent à naître. Il s’agit entre autres, de la chaîne de télévision El Pana TV. Toujours au stade de la diffusion d’essai, cette chaîne se glisse timidement encore au milieu de ses semblables sur la scène. Elle se veut être une chaîne généraliste avec pas moins de 20 programmes déjà en boite.
En 2018, la chaîne El Hayat TV Algérie ne s’est pas contentée de se lancer seulement mais aussi de se faire une place et gagner de l’audimat. Avec un bon rythme et des sujets assez délicats non traités par ses concurrents, EL Hayat TV, fondée par le journaliste Habet Hannachi veut occuper la tête du classement des médias lourds, portés sur les news.
En dehors des nouveaux organes de presse, un nouveau venu commence à prendre forme : le syndicat des journalistes algériens. Répondant à une demande de la corporation, plusieurs journalistes se sont réunis durant la fin de cette année pour donner forme à ce nouvel organe syndical. Les dates du 24 et 25 janvier prochain sont retenues pour la tenue de son congrès national constitutif. Un brouillon de plateforme de revendications est déjà établi.
MBS et la presse
La rencontre du ministre de l’Information saoudien avec des rédacteurs en chefs de la presse nationale et des écrivains a provoqué une polémique dans les rangs des journalistes, notamment sur les réseaux sociaux. Organisée en marge de la visite du prince héritier Mohamed Ben Salmane en Algérie, cette rencontre devait rester secrète.
Les tourmentes de la presse électronique
Événement phare de l’année : l’arrestation de 3 web-journalistes. Le 25 octobre, les autorités ont procédé à l’arrestation de Abdou Semmar et Merouane Boudiab du site d’information “Algérie Part”. Une action menée suite à un dépôt de plainte du Wali d’Alger Abdelkader Zoukh et le groupe médiatique Ennahar. Mis en détention provisoire pendant plus d’une quinzaine de jours, ces journalistes sont poursuivis pour diffamation et atteinte à la vie privée. Ils ont été remis en liberté en attendant un complément d’enquête. Leur arrestation a flambé l’actualité des médias et de l’opinion publique.
Adlène Mellah, directeur du journal électronique Alger-Direct, a également été arrêté dans la même période puis relaxé. Il a été arrêté une seconde fois le 9 décembre dernier pour “attroupement”, “incitation à un attroupement non armé”, “outrage à fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions” et “rébellion”. Mardi dernier, il écope d’une peine d’un an de prison ferme.
La presse en deuil
Bien que le mot soit considéré comme assez fort, cette année fut macabre pour la presse. Plusieurs figures ont disparu à jamais. Le 1er est Mohamed Larbi qui s’est éteint à l’âge de 65 ans d’un arrêt cardiaque. Décédé le 10 mars, ce membre fondateur du quotidien El Watan était spécialisé dans la question internationale. Il a laissé derrière lui deux enfants et un patrimoine journalistique très riche d’analyses et de commentaires. En début d’été, le corps médiatique est secoué par le décès de Abdou Seghouani commentateur sportif à la chaîne III.
Quelques semaines après, une autre nouvelle arrive. Le jeune journaliste Yazid Ait Hamadouche quitte la vie. Survenu le 27 août, Yazid, connu par sa célèbre émission radio “Serial Taggeur”, est parti un peu tôt suite à une intervention chirurgicale à l’hôpital de Kouba (Alger). Cet événement tragique était loin d’être le dernier.
D’autres drames l’ont rapidement suivi. Le Professeur Brahim Brahimi, enseignant à l’école de journalisme décède le 27 septembre. Fondateur de l’école supérieure de journalisme, la presse libre a perdu ainsi un de ses fervents défenseurs et un des meilleurs formateurs et enseignants de journalisme. A peine une semaine passée, le journaliste Abderrahmane Bettache, dit Youcef du quotidien Le Soir d’Algérie quitte les bancs de la vie et nous quitte à jamais. Son décès a plongé toute la corporation dans l’émoi et la grande peine. C’est fini ? Pas encore.
Le mois de novembre a vu la disparition de Merzak Menaceur, journaliste à l’APS et de Mohamed Cherak d’El Khabar. Ce journaliste qui a combattu sa maladie (pathologie cardiaque) comme il l’a fait pour la liberté de la presse, a laissé son empreinte dans le monde du journalisme et dans le cœur de tous ses confrères qui lui ont rendu hommage à la maison de la presse Tahar Djaout, une semaine après sa mort survenu le 17 novembre.
L’année 2018 s’est achevée hier emportant avec elle tout ces événements. 2019 sera-t-elle meilleure ? Bilan en décembre prochain.
Safaa Sellam