Quand l’APS est épinglée à tort par Facebook

La lutte que mène Facebook contre les fake news et les pages de propagande est une opération bénéfique mais pas encore au point. Le dernier rapport en date en est la meilleure preuve qui démontre que ce « système de tri » est à prendre avec des pincettes, et que même Facebook peut induire les utilisateurs en erreur.

En effet, le rapport en question indique que Facebook a supprimé 262 pages, 356 comptes, 3 groupes Facebook et 162 comptes Instagram. Ces contenus présentaient des « indicateurs malveillants » et potentiellement nuisibles à autrui. On évoque ainsi, des « comportements inauthentiques coordonnés« . Ces pages et comptes étaient éparpillées un peu partout dans le monde notamment en l’Algérie, citée explicitement dans le rapport.

Dans ce  contexte, et en guise d’exemples, la plateforme aux 2 milliards d’utilisateurs a joint à son rapport des captures de quelques contenus des pages jugées « inauthentique/fake« , ou ayant un comportement suspect. Entre autres l’information ayant circulé largement cette dernière semaine, en rapport avec les frais d’itinérance ou Roaming de l’utilisation du téléphone mobile qui seront supprimés entre l’Algérie et la Tunisie.

Une  information dont la source est l’Agence Presse Algérie (APS). En d’autres termes, une information officielle, vérifiée et bien sourcée. D’ailleurs dans cette dépêche on cite les deux ministres en charge du secteur de la Poste et télécommunications des deux pays, en l’occurrence Imane Houda Feraoun et Anouar Maarouf.

Cette décision a d’ailleurs été annoncée lors d’un point de presse à l’issue des travaux de la 3ème session du comité technique mixte algéro-tunisien pour la coopération dans le domaine de la Poste et des TIC.

Classée une telle info comme étant fake, relève de la « fantaisie » et fait planer de sérieux doutes quant aux critères de tri ou de vérification employés par Facebook.

Quand le système anti-fakenews de Facebook produit des fake news

Citant quelques exemples de ces pages fake ou de propagande, l’on retrouve parmi elles la page « ملتقى صوت الحرية العربية » relayant l’information de l’APS. Ce qui a créé une incompréhension entre l’information qui illustre le communiqué de Facebook est la page citée plus haut. Le lecteur peut assimiler l’information de l’APS à une Fakenews, ce qui touche directement la réputation et à la crédibilité de l’APS et pousse à se poser plus d’une question.

Car l’agence de presse Algérienne se retrouve « épinglée » à tord. Le timing de ce « ménage » coïncide à avec les élections Présidentielles qui devront avoir lieu le 18 avril prochain. Une échéance qui génère d’ores et déjà un torrent de fake news. L’on se demande comment Facebook a pu « ignorer » les tonnes de fausses informations publiées ici et là et avoir « détecté » une information crédible émanant d’une agence de presse officielle.

Il est à savoir que la lutte contre les fake news par Facebook et Twitter a été engagée après les élections Américaines de 2016, émaillées de « campagne d’ingérence massive« . Suite à cet épisode, Facebook a constitué une cellule de crise pour combattre la désinformation. Il a recruté Nathaniel Gleicher, ex-monsieur cyber sécurité de Barack Obama, aujourd’hui directeur de la politique de cyber-sécurité chez Zuchkerberg. C’est le cas aussi pour Twitter, qui en de cette lutte contre les fake news son cheval de bataille.

Ce qu’il faut retenir de ce rapport, c’est que l’intention en soi est bonne. Quant au système de filtrage et la communication sur ce sujet, ils gagneraient à être améliorés. Ces rapports sont donc à prendre avec des pincettes. Car tout ce qui provient de Facebook n’est pas forcément clair et « authentique« , selon le vocabulaire propre à cette entreprise, qui vient elle même de tomber dans un piège, qu’elle lutte pourtant afin de l’éradiquer : les Fake news.